Carnet d'un naturaliste-sportif

Wednesday, August 06, 2008

Simplement...

Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été sensible à la cause écologique. Je me suis toujours révolté contre la destruction des forêts, le massacre des animaux. J'ai toujours été méfiant envers l'enthousiasme suscité par des nouvelles technologies polluantes et mal maîtrisées.
Mais pendant bien longtemps, j'ai parallèlement accepté la société dans laquelle nous vivons, persuadé de vivre la plus belle et la plus facile des époques.
Depuis quelques temps maintenant, au fil de mes lectures, j'ai parcouru les réflexions et les théories de grands penseurs tels que Yves Cochet, Pierre Rabhi, Teddy Goldsmith... et j'ai bien vite adhéré au bien-fondé de leur discours, heureux d'enfin mieux cerner ce que je ressentais, et de pouvoir mettre des mots dessus.

En effet, la croissance n'est plus possible, plus acceptable, elle est un mythe: comment espérer une seconde croître indéfiniment sur une planète aux ressources finies?
Les sociétés occidentales, soit 20% de la population planétaire, utilisent 80% des ressources naturelles.
Déconnectées de la Nature, niant la réalité et enfermées dans l'individualisme, elles pillent le patrimoine commun afin de satisfaire des besoins artificiels.

Lorsqu'on prend le temps d'observer le monde, on ne peu décemment l'accepter. A quand le désastre? Dix ans? Cinquante? L'équilibre de la planète est en train de se rompre.
L'être humain d'aujourd'hui vivant dans les pays riches cueille la fleur pour l'admirer de plus près et respirer son parfum. C'est un plaisir immédiat. Mais en arrachant sa tige de la terre, il la tue. Si le monde est un vaste champ de fleurs, alors l'être humain en cueille le plus possible et le plus vite possible, et détruit ainsi le monde.
Il est urgent d'apprendre à cueillir moins de fleurs, moins souvent, moins loin, et de les partager avec tous; préserver le champ en se contentant de s'y promener et de l'admirer afin que nos descendants puissent à leur tour s'y aventurer un jour et en prélever occasionnellement quelques précieuse tiges au coeur coloré et aux pétales épanouis.

Cela s'appelle entrer en décroissance, l'apprentissage de la sobriété et de la simplicité afin de ne plus prélever très prochainement dans le capital naturel.
Le point de non-retour n'a-t-il d'ailleurs pas déjà été franchi?
Nous devons le faire par souci d'équité envers les 80% d'humains qui vivent dans la pauvreté, qui survivent voire qui meurent doucement, et envers notre descendance future qui se trouve déjà pour partie dans les berceaux.
Nicholas Georgescu-Roegen a écrit: "Chaque fois que nous produisons une voiture, nous le faisons au prix d'une baisse du nombre de vies à venir".

La priorité est de s'engager individuellement dans la simplicité. Pour que chaque goutte de conscience alimente l'océan du collectif et le purifie, le transforme.
La grande barrière se situe en effet dans nos têtes: nous subissons un conditionnement fondé sur la croyance absolue en la technologie et la science, et pensant que croissance et consommation, nouveautés et progrès, sont forcément synonymes de mieux-être.

Si la décroissance n'est pas choisie, alors elle sera imposée. Bientôt.
Mais plus on attend, plus le choc sera brutal, et plus le risque de conflits sera accru, plus la démocratie sera en danger. Car devant les pénuries, notamment et surtout de pétrole, les gouvernements n'auront pas le choix: on s'acheminera alors vers des sociétés autoritaires composées de restrictions imposées, épargnant peut-être les plus riches, et ouvrant ainsi la porte des inégalités.

La simplicité permet de refuser ce monde fondé sur la consommation. C'est un refus de la consommation aveugle vers une consommation éclairée, responsable et sociale.
La voiture. Voici un exemple d'objet réservé aux 20% les plus riches de la planète: elle épuise les ressources naturelles, produit de multiples pollutions, dont les terribles gaz à effet de serre, provoque des guerres pour le pétrole. Elle tue plus d'humains chaque année que tous les conflits armés en cours réunis! Elle tue également plus d'animaux que la chasse, elle tue les sols par la construction effrénée des routes qui constituent de plus des barrières écologiques plus conséquentes que les cours d'eau. Rien que ça.
Les alternatives à la voiture sont la marche à pied, le vélo, le train, et le développement massif des transports en commun, y compris à la campagne. C'est aussi ne plus se déplacer pour un oui ou pour un non. Il s'agit de penser et d'organiser ses déplacements.

Respecter l'environnement est une nécessité absolue d'un point de vue physique, quantitatif, logique. Mais n'est-ce pas également là une question d'ordre philosophique?
En effet, il nous a été offert la vie, à tous, à chacun. Et la chance que nous avons de pouvoir vivre devrait nous permettre d'exister.
Je crois que beaucoup de gens vivent tout en ne prenant pas le temps d'exister. Embourbés dans une civilisation industrielle qui les incite à travailler toujours plus (travailler peu est d'ailleurs montré du doigt et bien souvent associé à la fainéantise), à avoir toujours plus d'argent afin de pouvoir consommer toujours plus de gadgets inutiles, puis les remplacer par d'autres plus grands (ou plus petits), plus performants, plus neufs.
La société nous amène à nous déplacer, vite, toujours plus vite comme pour attraper le temps qui passe, alors que pendant ce temps-là, c'est notre vie qui passe.

Au "travailler plus pour gagner plus", je préfère opposer "travailler moins pour vivre mieux". Car la liberté, ce n'est pas de disposer d'argent mais avant tout de disposer de temps!
Du temps pour vivre, pour aimer, échanger, partager, jouer, vivre ses passions, réfléchir, observer, apprendre, etc.
Prendre le temps de prendre conscience de la Nature qui nous entoure, et essayer de la comprendre pour la respecter et l'admirer et non pour tenter soi-disant de la dépasser, la neutraliser ou la vaincre.
Voilà qui signifierait également prendre conscience d'exister et de profiter pleinement de son existence.

Ainsi, par exemple, plutôt que de m'acheter une grande télé ou une voiture neuve, je préfère passer du temps dans mon jardin, avec ceux que j'aime, découvrir la Nature et ses mille aspects merveilleux, lire, écouter de la musique, me cultiver, préparer et livrer des cours qui apprennent aux jeunes esprits l'enthousiasme, la beauté de la vie, la soif de connaissances, l'entraide, le respect de soi-même et d'autrui.
Ceci semble couler de source mais demande en réalité un long cheminement. Ami lecteur, ne crois surtout pas que je souhaite me positionner en donneur de leçons. Je livre mes réflexions qui sont le fruit de mes lectures et de mes convictions profondes.
Car il en est de même pour nous tous qui vivons dans les pays de l'Occident, à des degrés divers.
Aller vers plus de simplicité demande en effet un effort long et patient tant la société nous a modelé et habitué à croire que l'unique façon de faire est la plus rapide, la plus technique, la plus motorisée. Mais elle ne serait la meilleure que si elle était aussi la moins coûteuse en énergie et la moins polluante.
Il me faut donc désapprendre petit à petit à obéir à la société de consommation qui cherche à me vendre du vide, de l'inutile, en me persuadant que c'est là l'essentiel, et que de toutes manières je n'ai pas le choix.
Il s'agit du sentier qui, je pense et j'en suis convaincu, mène à la simplicité, à la vraie prise en considération de mon existence comme de celles des autres, présentes ou futures.

Il y a donc une dimension épicurienne à la simplicité car elle permet d'être libre et de se centrer sur ce qui est important, de s'épanouir, de faire un pas vers la sagesse, et de la connaissance de soi et du monde qui nous entoure.
Mais il en jaillit également une dimension universelle car on ne peut rester insensible aux ravages causés par les pays riches et leur mode de vie dévorants au reste de l'humanité, à la biodiversité, aux mauvais traitements et exterminations infligés aux animaux, aux forêts et aux océans, à la qualité de notre air et de notre eau, pourtant si essentielle à nos vies!

2 Comments:

At 3:01 AM, Blogger Julien said...

Bien vaste est ce sujet que tu abordes aujourd'hui! On pourrait en discuter pendant des heures. Quand on est conscient que notre mdoe de vie peut avoir un impact sur l'environnement, il faut apprendre à se poser les bonnes questions et à s'organiser en conséquence. Malheureusement, beaucoup de gens ne verront pas le réchauffement climatique qui galope tant qu'ils n'en subiront pas directement les conséquences. C'est aussi un des principes de notre société : on attend de ne plus avoir le choix, on ne cherche pas à anticiper, à quoi cela sert-il de se poser cette question alors que ce n'est peut être pas nécessaire de se la poser?....
Peut être cela devrait-il être enseigné à l'école, qu'en penses-tu?
A bientôt. Bisous à vous deux.
Julien

 
At 7:46 AM, Blogger Fanny said...

Moi je pense tout comme toi mon chériloulet :)
Et j'admire tes reflexions que tu partages avec nous...

 

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