Carnet d'un naturaliste-sportif

Wednesday, November 15, 2006

Le plus beau métier du monde

Prof d'école: c'est bien plus qu'un simple travail à mes yeux, car cette activité est infiniment enrichissante et passionnante.
Pas de doute, pour moi, c'est le plus beau métier du monde, "mon" plus métier du monde.
Mais j'ai un problème: j'hésite.
Passer deux années en CLIS à Phalsbourg fut une très belle expérience. Les élèves étaient très attachants, et attachés à moi. J'étais "le" maître. C'est agréable. Une liberté d'action, seul à ce type de poste dans l'école, me permettait de faire découvrir plein de choses à mes élèves: sorties en forêt pour nettoyer la nature ou découvrir la flore, écouter du Renaud, faire du tennis, du basket et même du karaté, ou encore préparer des crêpes ou une galette des rois... Ils adhéraient à tout, même aux 10 heures de français ou aux 5 à 6 heures de maths que je leur imposais chaque semaine. Cela dit, tout n'était pas parfait pour autant, car apprendre à lire à des élèves en grande difficulté s'avère être très rébarbatif.

Alors j'ai changé, je suis parti et j'ai donc rejoint la SEGPA. On se dit souvent "ailleurs c'est mieux". Alors c'est vrai, dans ma sixième, j'ai trouvé des élèves sachant lire et calculer un peu. Je peux donc faire plein de choses intéressantes, parler des premiers Hommes, des climats ou peut-être aménager une mare aux abords du collège.
Mais j'ai trouvé aussi un grand bâtiment qui n'a pas le charme d'une petite école de campagne, des adolescents bien souvent déjà marqués par leur vie et qui l'expriment en s'insultant, se battant, voire même parfois en envoyant balader leur professeur.
C'est un univers bien plus difficile et cruel que l'école primaire; c'est aussi un beau défi que d'essayer de les comprendre et de les aider, à l'image de cet élève hier soir qui, après l'avoir mis en garde sur son comportement de la journée, m'a confié qu'il était malheureux parce que placé dans un internat toute la semaine, son père, après l'avoir frappé ce week-end avec un tabouret, lui a dit dans son accès de colère stupide qu'il ne voulait plus de lui le dimanche non plus. Tout en me montrant son impressionnant hématome, il m'a expliqué que malgré cette violence dont lui et sa soeur sont les victimes, il préférait malgré tout rester avec ses parents.
Oui, un beau défi que d'essayer de les comprendre et de les aider...

Alors voilà, j'hésite... De plus, il y a aussi, pourquoi pas un jour, un CE1 classique ou même un niveau double dans une petite école de village. C'est sûrement sympa aussi.
Toutes ces expériences sont enrichissantes, et j'ai le temps sans doute de les explorer toutes un peu ou beaucoup, mais je ne peux m'empêcher de me poser cette question: où serais-je le mieux pour exercer ce noble métier que j'aime tellement?




Le plus beau métier du monde
Transporte avec lui l'odeur de la craie.
Il fait découvrir le monde
A ceux qui le feront vivre en paix.

Il possède un parfum enfantin,
Qui voyage avec cahiers et yeux émerveillés
Appartenant aux artisans de demain
Et qui ne s'envole jamais bien loin lors des récrés.

Aidés ou délaissés par la vie
Couchoutés ou abandonnés
Parfois ils s'expriment avec énergie
Se révoltent avec colère, emportés.

Alors j'essaie de leur transmettre ma religion
Celle de l'amour et de l'amitié
Car c'est aussi ça ma mission
Leur apprendre que pour se respecter
Il faut aimer les autres et la Nature
Pour que la justice et la liberté
Leur appartiennent dans leur vie future.




Pour tous ces jeunes écoliers
Lire et calculer est le labeur.
Penchés sur un table au bois usé,
Bien souvent, ils admirent leur professeur.

Ils écoutent et boivent ses paroles,
Ou font admirablement semblant
Ou encore s'agitent sur leur banc.
Mais d'une classe et d'une école,
Il s'élèvera éternellement...

... Le goût de rêver...
Le parfum de la connaissance...
... La mélodie de la liberté...
Et la vue de petits esprits qui pensent et qui dansent.

J'espère que passées toutes ces années
Chacun sera devenu une étoile
Faisant s'élever l'Humanité
Vers un ciel rempli de pétales.


1 Comments:

At 8:04 AM, Blogger Julien said...

Salut Juju!

Et oui dur sacerdoce que de comprendre les autres, et tu peux constater que cela commence souvent à un jeune âge alors imagine ces mêmes personnes à l'âge adulte et tu auras une idée du travail qui est le mien.

En tout cas accroche toi car c'est dès le plus jeune âge qu'ils ont besoin de croire en eux et d'être rassuré même s'il est difficile voire impossible de jouer le rôle de parents avec des enfants qui ne sont pas les nôtres. Cela conditionne en partie leur futur en tant qu'adulte. Il est de toute façon important de prendre du recul et de leur donner envie de te parler pour instaurer une confiance. Cette vocation qu'est pour toi l'enseignement te permet de remplir aisément cette tâche même si cela s'avère parfois difficile.

A très bientôt l'ami!

Julien

 

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