Carnet d'un naturaliste-sportif

Tuesday, October 08, 2013

Le territoire du loup


"Ne suivez pas les chemins déjà tracés
Allez plutôt là où il n’y a pas de chemin
Et laissez-y une trace."
(anonyme, cité dans "la voile blanche", Sergio Bambaren

Fanny m’a dit un jour que si j’étais un animal, elle me verrait bien en loup.
Et j’ai beau accorder aux lynx une admiration toute particulière, je crois qu’effectivement je me vois plus loup que lynx.
Tous les matins, le loup chef de meute s’en va faire le tour de son territoire. Animal discret et endurant qui ne pensera à son déjeuner qu’une fois cette tâche accomplie.
Si je n’aime pas courir trop tôt le matin, j’arpente moi aussi « mon territoire » presque tous les jours et dans tous les sens. 
Surnommé par les Inuits « le docteur des animaux », le loup semble attentif au respect de l’équilibre de la Nature. Il a compris que l’harmonie est un maître mot entre les différents règnes du Vivant.
C’est donc en loup que je me suis représenté. Inspiré d’un livre qu’Arthur aime bien (et moi aussi), ce modèle au museau allongé nous fait souvent bien rigoler. 

30/07 : course de 9kms, suivie de 9 autres en « bike and run ». Entouré de ma petite famille et d’une ribambelle de copains, j’alterne le vélo avec Arthur et son grand ami Anatole dans la charrette et la course avec Noé dans sa poussette. 

01/08 : 10kms avec Yannick, dont un tour de l’étang en 7’32’’ pour 2200m, ce que je juge correct vu la chaleur qui sévit en ce moment. 

02/08 : je pars marcher avec Noé dans le porte-bébé. Loucky nous accompagne joyeusement. Au cours des premiers mètres, mon petit garçon éclate de rire, agite bras et jambes tant il est heureux de se trouver pour la première fois « face à la route », et non plus lové contre moi. Je crois bien qu’il aurait dit « youpi ! » s’il avait déjà su parler. Heureux d’observer, heureux de grandir. « Oui, mais pas trop vite quand même, Noé. Moi, j’aime ça, te porter tout contre moi ! » 

03/08 : on y retourne tous les trois ! Les arbres nous offrent un peu de fraîcheur mais la puissance du Soleil permet malgré tout aux mûriers de répandre dans l’air un délicieux parfum fruité.
L’après-midi, je cours 13kms, dont 10 le plus vite possible sur un parcours bien vallonné et bien technique. Un régal. Je boucle le tout en 42’31’’ après avoir livré toutes mes forces. Les sentiers étroits parsemés de racines, de pierres et de pommes de pin, qui montent et qui descendent, tortueux à souhait, ont ma préférence par-dessus tout. Il faut alors que le corps et l’esprit travaillent ensemble car il y a nécessité permanente à changer de rythme, bondir, raccourcir ou allonger la foulée, balancer les bras quand les jambes peinent. Et si mes pensées s’égarent un peu et que la cadence s’essouffle, j’ai trouvé un mantra qui me reconnecte à mon effort : il s’agit de répéter mes trois mots préférés au monde, synchronisés à ma respiration. Fanny-Arthur-Noé-Fanny-Arthur-Noé-… 

04/08 : j’annonce que je pars courir un peu avant l’apéro. « Oh Papa, je pars avec toi ! » me demande Arthur. 5,7kms au cours desquels mes épaules ont chauffé afin d’éviter que la poussette ne bascule sur le chemin plein de bosses et de trous. « Papa, plus vite ! » me relance souvent mon coach Arthur, installé tranquille avec ses lunettes de soleil sur le nez. 

05/08 : 9kms de bike and run en famille, suivis de 6kms de course en solitaire. 

Courir me fait voyager, courir me ressource. Les premiers kilomètres sont entièrement destinés au corps. Il se purifie, il se soigne, il se nourrit de l’énergie de la Nature. Puis c’est au tour de l’esprit, voire même de l’âme de venir s’abreuver à la source des foulées. La course se transforme alors en méditation. Des idées naissent, l’esprit s’apaise et s’éveille en même temps. C’est le moment d’écouter ses intuitions car bien souvent l’innocence mécanique de la course permet de se libérer de tout le reste, de tout ce qui pèse. On peut alors partir à la rencontre de soi-même et observer une nouvelle inspiration éclater au grand jour !
Est-ce pareil pour les loups ?

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