Carnet d'un naturaliste-sportif

Saturday, March 23, 2013

L'ourson et l'écureuil


L’OURSON ET L’ECUREUIL



Plus que quelques jours avant la venue au monde de notre deuxième petit Ange. Les instants sont magiques, l’attente excitante et le bonheur indescriptible.

La jolie maman, radieuse et arrondie, a toutefois besoin d’un peu se reposer. C’est mercredi. J’emmène Arthur au parc où sa passion pour les parcours peut être assouvie. Surtout lorsque ceux-ci s’achèvent par une descente sur un toboggan géant plein de bosses. Encore plus rigolo que la luge. Et en plus, on peut se contenter de chaussettes aux pieds, ce qui fait bien l’affaire de mon petit coco.
« Encore ? » me demande-t-il une fois de retour au point de départ.




Après un nombre impressionnant de « encore ? », voire même de « encoooooore !!! », nous prenons le chemin du retour.



Et là, sur le bord d’une petite route forestière, nous apercevons un écureuil affairé à grignoter un petit quelque chose qu’il tient fermement entre ses pattes avant, et qui semble bien l’occuper, étant donné qu’il ne nous adresse même pas un petit regard.
Et en observant cette scène un rien comique et pleine d’innocence, une idée me vient à l’esprit : « Tiens, je me dis, ce sympathique petit animal me rappelle Arthur… Alors, la prochaine fois que mes foulées croiseront un écureuil, mon deuxième petit Ange viendra au monde peu après ! »



Et trois jours plus tard, un spécialiste de l’accrobranches effectue une danse aérienne dans les pins qui bordent le chemin sur lequel j’avance… Idem le lendemain ! Eh bien non, pas de bébé en vue malgré tout, il attend encore un peu… Mais ces jolies scènes m’auront tout de même inspiré le totem de mon garçon tout prêt d’arriver : Arthur l’ourson aura un écureuil pour petit frère !



Le printemps traîne un peu aussi à se montrer. Mais la forêt est belle malgré tout ! Mes parcours ces derniers temps sont caractérisés par de petits circuits distants d’au maximum 4 kilomètres de la maison, et dont la combinaison est comme autant de pétales autour du cœur d’une fleur.
Comme ça, si Fanny me demande de la rejoindre en vitesse, je peux foncer et me trouver auprès d’elle en moins de quinze minutes !

Chaque pas qui se pose puis s’enroule sur le sol me porte vers un accomplissement joyeux et serein. Courir m’amuse. C’est aussi une manière de me réaliser, d’exprimer ma vitalité, mon amour de la vie et mon bonheur à faire partie de l’harmonie universelle, en contemplant les arbres ou en observant un animal.

Par ailleurs, j’ai trouvé « mon » arbre. Celui que j’appelle le vieux respectable.  Il s’agit du vieux hêtre qui habite au Rocher du Petit Moulin, sur les hauteurs de Lutzelbourg. Beau et majestueux.
Mes sensations décident du rythme. Pas de plan d’entraînement. Plus de plan d’entraînement.
Courir comme un fou ou bien courir lentement ; faire des bonds joyeux et lever les yeux au ciel ou m’arrêter et plonger mon regard dans le fond d’une vallée.

Je longe la Zorn, salue mon ami le héron et quelques canards. Je cours avec Arthur sur mes épaules : « sonnez… chargeeeeeeez ! » Ou bien à ses côtés : « Oh Papa, un chasseur ! Vite, on se cache ! »
Je marche d’un bon pas à la suite de Loucky avec toujours le même plaisir à le voir heureux dans la forêt.

                                      

J’emprunte un petit pont pour traverser un ruisseau, les bras à l’horizontale afin de remercier l’élément eau de sa présence pure et limpide.
Ma foulée se raccourcit, le souffle se fait bruyant, ma silhouette file sous un rocher auquel sont accrochés de gigantesques stalactites, vestiges de l’hiver glacé.

La course est une danse, l’esprit de la forêt me guide au pied du grand arbre.

Je joins mes deux mains et incline mon corps devant lui. L’instant présent est sacré. Puis je m’avance, pose mes mains sur son large tronc et laisse glisser mon regard vers ses plus hautes branches, derrière lesquelles le ciel se dessine.
« Salut vieux respectable ! Prête-moi un peu de ton énergie s’il te plaît, que je puisse la partager ensuite avec mes Anges… Merci à Toi ! »

Je repars. Une force nouvelle, divine, me donne de l’élan. Je veux offrir à mon tour ma lumière à la forêt, afin de la protéger. Je souhaite communiquer à l’Univers entier tout l’Amour dont je suis capable !
De l’harmonie, de la bonté et de la compassion. Et de la joie de vivre !

C’est en partageant que l’on vit pleinement.

La connaissance du cœur s’enrichit de la course dans la Nature. Le coureur peut puiser en lui et autour de lui, et ainsi trouver l’inspiration et la créativité pour mener une vie belle qui le rapproche de son idéal.
Mais voilà un tracé bien vallonné et inondé de soleil : j’adore ça ! Merles, pinsons et mésanges s’envolent gaiement à mon approche. Et ce petit bruit sec et régulier sur ma droite, peut-être le signe de la présence d’une sittelle ?
Cadre de toute beauté et parfait pour méditer sur les actions et pensées à accorder avec le but de ma vie.



Je cours hors du temps, j’avance et je respire, je goûte à la source de la vie, l’Amour universel, dont la force et la sagesse éclatent et se manifestent dans l’immensité de la montagne. Cet Amour pur, doux et chaleureux, je le vois aussi dans le sourire de mes Anges. Je cours maintenant pour les retrouver au plus vite !

Je saute par-dessus les barrières des critiques et des jugements, je contourne quelques murs, ceux de l’orgueil et de l’égoïsme, parfois si hauts qu’ils font de l’ombre à mon soleil.
Mais la lumière trouve toujours le chemin, la lumière de laquelle jaillit la paix et la joie !

Tu peux venir, mon petit Ange.
Tu peux venir, la vie est belle !!